Marc Touati : Quid de l’économie cette semaine ?

Marc TOUATI – 2 mars 2012 – « Zone euro : un taux de chômage historiquement haut »

Mais jusqu’à quand va-t-on se gargariser avec des annonces marketing de sauvetage supposé de la Grèce et de la zone euro, alors que le taux de chômage eurolandais ne cesse de flamber ?

En janvier, ce dernier a ainsi atteint 10,7 %, un plus haut historique. Pis, dans la mesure où l’UEM vient seulement de retomber dans la récession, cette aggravation du nombre de sans-emploi n’est pas près de s’inverser. Et pour cause : il existe un décalage d’au minimum six mois entre l’évolution de l’activité et celle du chômage.

Autrement dit, même si la croissance repart au deuxième trimestre 2012, le chômage continuera d’augmenter au moins jusqu’à la fin de l’été.

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Récession et chômage : la malédiction eurolandaise.

Sources : Eurostat, Bloomberg

De plus, dans un contexte d’augmentation de la pression fiscale et d’appréciation excessive de l’euro/dollar, l’activité économique restera molle et les destructions d’emplois perdureront. Et ce, en particulier dans les pays du Sud. Les taux de chômage culminent déjà : 23,3 % en Espagne, 19,9 % en Grèce et 14,8 % au Portugal.

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Grèce, Portugal, Espagne : ça fait mal… Sources : Eurostat, Bloomberg

Mais ce n’est pas tout, car, dans la grande majorité de ces pays en difficulté, le taux de chômage des moins de 25 ans atteint des sommets insupportables. Ce qui exacerbe dangereusement les tensions sociales et les risques de dérapages.

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Sources : Eurostat, Bloomberg

Bien sûr, certains ne manqueront pas de souligner que le taux de chômage allemand reste particulièrement faible.

Si ce constat est évidemment positif pour nos amis d’outre-Rhin, il est loin d’être suffisant pour retrouver l’optimisme. France-Allemagne : des disparités dangereuses.

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D’une part, parce qu’il montre que la zone euro n’est plus un espace d’homogénéité et de cohésion. L’a-t-elle d’ailleurs déjà été ?

De la sorte, elle devient inévitablement menacée jusque dans son existence : dans l’histoire de l’Humanité, aucune union monétaire n’a pu perdurer sans harmonisation économique, politique, réglementaire et fiscale.

D’autre part, si l’Allemagne peut encore pavoiser, il est vrai grâce à d’importants efforts de modernisation, elle sera rapidement rattrapée par deux évolutions inévitables.

La première est la baisse des commandes de la part des autres pays européens en proie à la récession.

La seconde est liée au recul de la population allemande qui réduira mécaniquement la croissance potentielle de l’Allemagne et accroîtra son taux de chômage structurel.

A l’évidence, tant que la zone euro n’aura pas modifié sa gouvernance en faveur d’une croissance plus forte, elle risquera d’exploser à plus ou moins brève échéance.

Marc Touati

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